Et le vainqueur en Syrie est... l’Iran

Une activité diplomatique en rafale est en cours sur les théâtres syriens et irakiens. Alors que les mouvements surviennent sur les fronts séparés et superficiellement non liés, pris ensemble ils produisent un tableau émergent. Ce tableau est celui de deux camps dont l’un fonctionne comme force unifiée pour des intérêts essentiels et l’autre pas, à ce jour.

Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu a voyage cette semaine à Sotchi pour discuter la question avec des officiels russes. En particulier, Jerusalem est préoccupé par l’avance iranienne dans le pays. Israël considère que l’accord de désescalade pour le Sud Ouest de la Syrie obtenu par Washington et Moscou rend inadéquate la disposition d’assurer que Téhéran et ses milices alliées ne s’établissent le long de la frontière contrôlée par Israël sur le Golan.

Il est remarquable que cette visite fait suite à un apparent échec d’une délégation israélienne de haut rang à Washington DC pour s’assurer d’un engagement des USA à cet égard.

Alors que les officiels échangeaient, les fronts de combats se déplaçaient. Dimanche débuta l’offensive pour la prise de la ville de Tal Afar, 60 km à l’ouest de Mossoul, sur l’Etat Islamique en état d’écroulement. Parmi le forces prenant part à l’offensive, citons les Unités de mobilisation populaires (PMU) Hashd al-Sha’abi. Les PMU sont l’alliance des milices shiites mobilisées pour combattre l’IS depuis l’été 2014. Parmi les plus connus d’entre, les groupes soutenus par l’Iran tels l’Organisation Badr, Ktaeb Hizbollah et le Asaib Ahl al-Haq.

Les Kurdes irakiens sont en voie de vote en grande majorité pour l’indépendance par referendum le mois prochain.

Un autre processus notable maintenant en cours est d’induire les Kurdes irakiens à abandonner leur projet de referendum d’indépendance, programmé pour le 25 septembre. L’Iran est farouchement opposée à tout mouvement kurde vers l’indépendance. Téhéran est en cours de prendre une position clairement dominante dans la politique irakiennes via le parrainage des milices shiites et du Parti de gouvernement Dawa. La division d’une grande partie du pays est la dernière chose que Téhéran voudrait.

Mais comme c’est devenu clair, les alliés européens et américains des Kurdes sont hostiles à toute tentative kurde vers l’indépendance. Aussi bien le ministre allemand des Affaires Etrangères Sigmar Gabriel et le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson ont fait opposition de leurs pays respectifs au referendum et à tout espoir de sortie des Kurdes de l’Irak actuel.

La semaine dernière, une proximité croissante entre l’Iran et la Turquie est apparue. Le Chef d’Etat Major des Armées (CEMA) d’Iran, le général Mohammad Hossein Bagheri, a rencontré le président Recep Tayep Erdogan. Suite à quoi, Erdogan a annoncé que les deux pays sont tombés d’accord pour une action militaire contre le PKK Kurde et son organisation sœur en Iran, le PJAK. La visite de Bagheri à Ankara était la première d’une CEMA iranien depuis la révolution islamique en 1979.

Un autre développement est apparu au cours de la semaine passée – à savoir le nouveau rôle de l’Egypte comme acteur dans le théâtre syrien. Au cours de dernières semaines, l’Egypte a joué un rôle de médiateur dans les accords de désescalade dans la zone orientale de Ghouta et à Homs, avec la permission et l’approbation des Russes et des Saoudiens.

Enfin, la période récente vit la visite surprenante du chef shiite irakien Muqtada al-Sadr à Riyadh, où il rencontra le prince héritier Mohammed Bin Salman. Sadr, personnalité shiite sectaire qui garde des liens avec l’Iran, a cependant cherché à se positionner comme un chef patriote irakien récemment.

Alors, que signifie toute cette activité politique et militaire ?

En essayant de repérer le modèle des évènements, on est immédiatement conscient que les activités d’un seul acteur s’agrègent en un tout unifié. Cet acteur est l’Iran. En soutenant les milices shiites comme forces politiques et militaires, en s’opposant aux aspirations kurdes à l’indépendance, en cherchant par tous les moyens à installer des forces le long de la frontière avec Israël, et en cherchant à éloigner la Turquie de l’Occident et vers elle, Téhéran poursuit une politique et une stratégie d’ensemble cohérente. Cette stratégie ignore toute distinction entre l’Irak, la Syrie et le Liban, traitant les trois comme une simple zone de conflit. Alliés et dispositifs sont tous utilisés pour construire le projet de maximiser l’objectif géographique iranien de puissance militaire et politique dans cet espace.

Les Russes ont des objectifs limités en Syrie , et peu d’intérêt en Irak.

La Russie ne doit pas être considérée comme un allié stratégique dans tout cela. Le sRusses ont des objectifs plus modestes en Syrie, et peu d’intérêt en Irak. Moscou est en faveur d’un rôçle accru de l’Egypte en Syrie auquel Téhéran s’oppose sûrement. La Russie n’est pas non plus indifférente aux préoccupations et intérêts d’Israël et de l’Arabie saoudite. D’où la visite de Netanyahou à Sotchi.

Les USA ne semblent pas actuellement souhaiter être un acteur majeur dans cette zone. Washington ne semble pas développer u réelle stratégie pour s’opposer à l’Iran dans l’est de la Syrie. Les courants internes et l’agitation aux USA peuvent en effet être un facteur clé pour empêcher une réelle possibilité les USA de se centrer sur ce conflit.

Washington ne semble pas développer une réelle stratégie pour s’opposer à l’Iran dans l’est de la Syrie.

Cela laisse en place les acteurs locaux. Les composants de l’alliance conduite par l’Iran dans cet espace est l’Iran elle-même, le régime Assad, le Hezbollah les milices shiites irakiennes et d’importants éléments dans le gouvernement irakien. La Turquie semble se diriger vers ce bloc, bien que sa taille signifie qu’elle n’en fera jamais totalement partie.

Peut-être que le tableau le plus remarquable de toute cette stratégie émergente, dans laquelle une forme claire se dessine alors que les eaux s’installent, est l’absence d’un véritable bloc sunnite islamiste puissant. Le groupe autrefois ascendant des Frères Musulmans de type Etats et mouvement ne sont plus – avec le Qatar assiégé, la Turquie se rapprochant d el’Iran, et le Hamas tentant aussi de rebâtir ses relations avec Téhéran.

Les jihadiste salafistes sont aussi ramenés au niveau d’un terrorisme irritant – parfois létal, bien sûr, mais loin d’un concurrent pour le pouvoir. L’Etat Islamique est en voie de destruction. Le cœur de la direction d’al Qaïda n’est dominant que da ns la province d’Idleb en Syrie.

Voilà une situation politique anormale. L’Islam politique continu de dominer la politique arabe sunnite dans les rues. Mais la résilience et le retour à des autocraties arabes sunnites relativement stables au Caire, à Ryadh, Abu Dhabi et Amman, et l’éclipse de la rébellion arabe sunnite en Syrie l’ont déplacé – pour l’heure au moins du jeu du pouvoir réel au Moyen-Orient.

Le bloc arabe Sunnite manque de l’organisation et de la large communauté idéologique de l’axe iranien.

Quel est le résultat en termes de cohésion et de cohérence du bloc conduit par l’Iran est un rassemblement bien plus nébuleux, mais qui, combiné, possède plus de puissance, de population et plus de richesse que les Iraniens. Il y manque cependant, la capacité organisationnelle de liaison apportée par l Corps de Gardiens de la Révolution. Il y manque l’organisation et de la large communauté idéologique du groupe dirigé par Téhéran.

Observez les forces mentionnées dans cet article : Israël, l’Arabie saoudite, les EAU, les gouvernement kurde régional, l’Egypte, les forces paramilitaires kurdes en Turquie et en Iran. (Ajoutez la Jordanie et le reste des rebelle syriens non jihadistes pour compléter le tableau. Voilà les éléments clés, chacun sur son front important, se tenant en travers de l’avancée iranienne au Moyen-Orient. Il y a des différences, des disputes, parfois de rivalités aiguës entre eux. Beaucoup dépendra de la création de lignes de communication et de coopération dans ce camp. La compétition entre ces deux groupes dans l’espace Irak-Syrie est aujourd’hui au cœur du conflit stratégique au Moyen-Orient.

Jonathan Spyer, Associé au Middle-East Forum, est directeur du Centre Rubin de Recherches pour les Affaires Internationaleset auteur deThe Transforming Fire: The Rise of the Israel-Islamist Conflict (Continuum, 2011).

Jonathan Spyer oversees the Forum’s content and is editor of the Middle East Quarterly. Mr. Spyer, a journalist, reports for Janes Intelligence Review, writes a column for the Jerusalem Post, and is a contributor to the Wall Street Journal and The Australian. He frequently reports from Syria and Iraq. He has a B.A. from the London School of Economics, an M.A. from the School of Oriental and African Studies in London, and a Ph.D. from the London School of Economics. He is the author of two books: The Transforming Fire: The Rise of the Israel-Islamist Conflict (2010) and Days of the Fall: A Reporter’s Journey in the Syria and Iraq Wars (2017).
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